L’action des professionnels face à des PLF invariablement décevants
Comme chaque année, le CIPAC s’est saisi du Projet de loi de Finances (PLF) pour analyser les programmes relatifs au soutien à la création en arts visuels et adresser ses observations au Parlement. Sans plus attendre les évolutions maintes fois sollicitées, les professionnels passent à l’action.
PLF 2025
Une sous-dotation chronique en regard des publics touchés
Une nouvelle fois en 2025, le CIPAC constate que les arts visuels continuent à être largement sous-dotés par rapport aux autres secteurs de la création artistique.
Alors qu’historiquement, la part des crédits alloués à la création avaient toujours été plafonnés à moins de 10% pour le secteur des arts visuels, un effort avait été consenti ces dernières années pour lui permettre d’atteindre 14% des crédits création. Stoppé net en 2025, le rééquilibrage amorcé laisse aux arts visuels une portion congrue du financement de l’action 02 du programme 131 (soutien à la création, à la production et à la diffusion des arts visuels), sans commune mesure avec les 4 millions de personnes annuellement accueillies au sein des seules structures labellisées ou conventionnées du secteur.
Des pans entiers de l’écosystème des arts visuels ignorés
Dans le secteur des arts visuels, seule l’activité des lieux labellisés ou conventionnés, c’est-à-dire les Fonds régionaux d’art contemporain (FRAC) et les Centres d’art contemporain d’intérêt national (CACIN) et quelques structures sous convention avec la DGCA, est prise en considération pour la répartition des crédits de la création.
En tant que Fédération rassemblant non seulement les structures de production et diffusion de l’art contemporain, mais également les organisations représentatives des métiers, le CIPAC peut témoigner de l’importance, dans l’écosystème des arts visuels en France, de l’économie des critiques d’art, des commissaires d’expositions, des médiateurs ou bien encore des régisseurs, installateurs et restaurateurs : les activités de tous ces professionnels sont purement et simplement invisibilisées dans la liasse du PLF.
Ainsi, les dispositifs tels que « Mondes nouveaux », « Prisme » ou « Ruralité » se succèdent, sans malheureusement renforcer ni l’offre, ni le travail effectif réalisé par les professionnels des arts visuels.
Ni soutien à l’emploi, ni soutien aux professions
Rien ne change en 2025. Alors que les autres secteurs de la création sont dotés de moyens pour y favoriser l’emploi et pour y aider les organisations professionnelles et syndicales d’employeurs ou de salariés à structurer leur dialogue social, aucune aide similaire n’est attribuée au secteur des arts visuels.
Pire encore, sur les 71 millions que compte l’action n°6 du programme 131 du PLF, le soutien résiduel réservé aux « structures associatives ressources » des arts plastiques n’est pas versé : ainsi, ni le CIPAC, ni ses membres PLATFORM et DCA n’ont jamais perçu de subventions provenant de cette action.
Le CIPAC constate qu’une telle négation du besoin de soutien à l’emploi dans les arts visuels ne fait qu’amplifier la sous-dotation chronique des structures au regard des missions qui sont attendues d’elles. Des répercussions directes de cette politique se font directement sentir sur les niveaux de rémunération des salariés au sein des structures du secteur - bien plus bas que dans celui du spectacle vivant, et sur les conditions de travail.
Où est passé le CNPAV ?
Alors que le Conseil national des professions des arts visuels (CNPAV), la seule instance de concertation sectorielle, ne s’est pas réunie depuis plus d’un an, le CIPAC constate qu’une nouvelle fois, tout au contraire du CNPS, le CNPAV ne dispose d’aucun budget propre à son fonctionnement pour mener les travaux et les études nécessaires à ses chantiers, ni rémunérer les artistes-auteurs qui participent à ses travaux, comme d’autres instances le prévoient.
De fait, et alors que c’est une priorité unanimement pointée et demandée de longue date par l’ensemble des professionnels des arts visuels, l’observation du secteur dans son ensemble n’est toujours pas assurée.
L’action en réaction
Dans ce contexte, les organisations professionnelles qui composent la Fédération du CIPAC se mobilisent.Elles ont d’abord été nombreuses à engager des travaux pour définir des référentiels de rémunérations artistiques, en complément de ceux établis par le ministère ou les organismes de gestion collective (OGC).
Les réseaux territoriaux ASTRE en Nouvelle-Aquitaine et DEVENIR ART en Centre-Val de Loire, ou bien encore DCA, ont déjà aboutis leurs travaux qui, tous, sont accessibles, sous forme de calculette ou de charte, sur leurs sites respectifs. L’association des médiateurs, BLA!, a quant à elle engagé une réflexion sur ses référentiels métiers, pour partager les bonnes pratiques en matière de rémunération.
Plus récemment, CEA, l’association des commissaires d’exposition a partagé un modèle de contrat dédié aux commissaires d’exposition indépendant·e·s. Conçu en collaboration avec les membres du CIPAC, le CAAP, la FRAAP, ce contrat contribue lui aussi à pallier le déficit de soutien public à la structuration des échanges professionnels au sein du secteur des arts visuels. CEA a récemment complété ses travaux en mettant à disposition de tous sur son site web des préconisations de rémunération adaptées aux commissaires d’exposition indépendant·e·s exerçant sur le territoire français, déclinées en fonction des années de pratique professionnelle.
L’actualité de ARTS EN RÉSIDENCE – Réseau national
Aujourd’hui, c’est au tour de l’association ARTS EN RÉSIDENCE de partager en ligne une nouvelle fiche-ressource sur “Les rémunérations des artistes-auteur·rices en résidence”.
Réalisée en collaboration avec le PÔLE ARTS VISUELS PAYS DE LA LOIRE, cette fiche-ressource vise à clarifier les différents types de revenus attendus pour chacune des activités qui peuvent être confiées à l’artiste lors de sa résidence : activités de recherche et de création, présentations publiques, animation d’ateliers, exploitation de visuels… Parce que trop souvent, les rémunérations sont confondues et mêlées en une rémunération globale qui empêche la reconnaissance des différentes réalités du travail effectué et qui entrave leur bon traitement administratif, cette fiche vient compléter le modèle de contrat de résidence : élaboré par l’USOPAV, la FRAAP et le CIPAC - dont le réseau national ARTS EN RÉSIDENCE - qui le recommandent conjointement, également approuvé et recommandé par les OGC - ADAGP et SAIF, ce contrat est conforme à la circulaire ministérielle du 08/06/2016 relative au soutien d'artistes et d'équipes artistiques dans le cadre de résidences.
Pour retrouver la fiche ressource de ARTS EN RÉSIDENCE - Réseau national, rendez-vous :
ici :👉 http://www.artsenresidence.fr/ressources/outils-ressource/
Pour retrouver le contrat de résidence, rendez-vous :
là : 👉 https://cipac.net/ressources/outils-contrats/modele-de-contrat-de-residence