Caractéristiques de l’emploi dans le secteur culturel

Une étude de Wided Merchaoui et Sébastien Picard publiée par le DEPS et portant sur l’évolution de l’emploi dans le secteur culturel entre 1995 et 2019 a été publiée en juin 2024. Elle confirme le caractère atypique de l’organisation du travail dans le secteur culturel. Découvrez ci-après les principaux enseignements de ce rapport.

25 ans de croissance de l’emploi dans le secteur culturel

Si la part des personnes exerçant à titre principal une profession culturelle (2,5%) demeure une portion congrue de l’ensemble des actifs occupés, le rapport relève que, durant la période de 25 ans entre 1995 et 2019, l’augmentation de leurs effectifs a été supérieure à celle de l’ensemble des actifs.
Cette expansion a principalement concerné les professions des arts visuels, avec une croissance de 141%, principalement due à l’augmentation importante des professions des arts graphiques, de la mode et de la décoration. À l’inverse, les effectifs de professionnels de l’archivage, de la conservation, de la documentation ainsi que les métiers d’art ont, eux, chuté de 25% pendant cette même période.

La place des femmes dans le secteur culturel : entre progrès et plafond

Alors qu’elles composent près des deux tiers des effectifs des écoles d’art, la proportion de femmes exerçant une profession culturelle plafonne à 45% -contre 48% de la population active en emploi.
Si pendant la période étudiée, leurs effectifs ont progressé parmi les architectes, les artistes et cadres de programmation du spectacle vivant et de l’audiovisuel, la progression de leur nombre est principalement notable parmi les photographes et dans les métiers d’art. Le rapport établit parallèlement que le recul des métiers de de l’archivage et de la documentation, historiquement féminins, les impacte particulièrement.

Le vieillissement des salariés du secteur culturel…

« … qui suit la tendance générale de la population active »

Comme toute la population active en emploi, les professions de la culture connaissent le vieillissement progressif de leurs effectifs, avec la réduction de la part des moins de 40 ans, qui passe de 52% en 1995 à 43% en 2019. Le rapport établit toutefois que ce vieillissement ne concerne que les salariés : pendant la même période en effet, la proportion de non-salariés des professions culturelles a, elle, rajeuni.

En 2019, 52% des professionnels de la culture ont entre 30 et 50 ans. Des variations nettes existent cependant selon le domaine et la profession exercée : la population des techniciens du spectacle vivant et les professionnels des arts graphiques, de la mode et de la décoration compte davantage de moins de 30 ans que celle des artistes plasticiens, professeurs d’art et professionnels de l’archivage et de la documentation par exemple.

Des niveaux de formation initiale élevés

« La moitié des professionnels de la culture possède ainsi un diplôme équivalent au moins à un bac+3 en 2019 »

Au sein des professions culturelles, la part des titulaires d’un diplôme de niveau bac+3 a atteint 52% en 2019, ce qui représente une proportion deux fois plus élevée que dans l’ensemble de la population des actifs en emploi.
La progression de cet effectif de diplômés à bac+3 a été particulièrement importante parmi les professions des arts visuels et des métiers d’art, ainsi que chez les femmes (60% contre 46% pour les hommes).

Une origine sociale marquée

« En 2019, un cinquième des professionnels de la culture ont des parents dont la PCS est à dominante cadre »

En 2019, les professions culturelles se distinguent de l’ensemble de la population active en emploi par la proportion de leur effectif issu de professions et catégories socioprofessionnelle favorisées et intermédiaires.
Les enfants de catégories à dominante ouvrière sont minoritaires : ils représentent 7% des actifs exerçant une profession culturelle, contre 18% pour l’ensemble de la population active en emploi.

Une précarité croissante

« Alors que la part des non-salariés connaît un léger recul chez les actifs occupés entre 1995 et 2019, celle des professionnels culturels augmente de 8 points durant cette même période pour atteindre 39%, soit plus de trois fois plus que dans l’ensemble de la population active en emploi (12%) »

Plus développée chez les femmes (36%), la progression du non-salariat entre 1995 et 2019 a particulièrement concerné les photographes et les professions des arts graphiques et de la décoration. Le rapport souligne en revanche une baisse de la proportion des indépendants parmi les artistes plasticiens, où cette part reste toutefois élevée en 2019 (80%).

Des modèles d’atypismes !

« La moitié des professionnels de la culture est soumise à au moins un horaire atypique (comme travailler le soir ou le dimanche). »

Si l’irrégularité des horaires de travail concerne plus d’un tiers des professionnels de la culture, leur atypisme impacte 50% d’entre eux : les photographes (70%), artistes du spectacle (70%) et les plasticiens (63%) vont plus fréquemment travailler le soir, la nuit, le dimanche que l’ensemble de la population active en emploi.
En 2019, les actifs exerçant une profession culturelle sont également plus fréquemment nombreux que les autres actifs en emploi à déclarer des horaires hebdomadaires de moins de 20 heures, ou au contraire de plus de 40 heures. Cette même année, ils sont 15% à exercer plusieurs activités professionnelles, contre 5% de la population active.

Une fragmentation des contrats de travail

« En 2019, les CDD concernent 29% des salariés, soit deux fois plus que pour l’ensemble des salariés de la population des actifs en emploi »

Entre 1995 et 2019, la proportion de CDD s’est développée plus rapidement pour les salariés du secteur culturel que pour les autres actifs en emploi. Ces contrats fréquemment courts (moins d’un mois) et rarement longs (au moins 12 mois) concernent davantage les hommes que les femmes.
Cette même année, comme en 1995, le travail à temps partiel concerne plus souvent les salariés exerçant une profession culturelle ou artistique (27%) que l’ensemble des salariés (18%). En progression de 3 points en moyenne entre 1995 et 2019, cette proportion est cette fois particulièrement importante chez les femmes (32%).